Mongo Beti est un écrivain camerounais qui a marqué la littérature africaine par son talent et son engagement. Né en 1932, il a connu la colonisation française, l’indépendance du Cameroun et les régimes autoritaires qui ont suivi. Il a dénoncé les injustices et les oppressions subies par les peuples africains dans ses romans et ses essais, ce qui lui a valu la censure, la condamnation à mort et l’exil. Il est rentré au Cameroun en 1991, où il a continué à militer pour la démocratie et le développement. Il est mort en 2001, laissant derrière lui une œuvre riche et engagée.
Mongo Beti a commencé à écrire dès son adolescence, sous le pseudonyme d’Eza Boto. Son premier roman, Ville cruelle, publié en 1954, raconte l’histoire d’un jeune paysan qui part à la ville pour vendre du café et se heurte à la corruption et à l’exploitation coloniale. Ce roman annonce le ton de son œuvre : une critique acerbe du système colonial et de ses conséquences sur les Africains.
En 1956, il publie Le Pauvre Christ de Bomba, une satire du christianisme et de la mission civilisatrice des colons, à travers le récit d’un prêtre qui se rend compte de ses erreurs. Ce roman lui vaut les foudres de l’Eglise catholique, qui le met à l’index. Il adopte alors le pseudonyme de Mongo Beti, qui signifie “fils du peuple” en langue ewondo.
En 1959, il publie Mission terminée, qui met en scène un jeune instituteur qui revient dans son village après avoir étudié en France. Il découvre que son père a été assassiné par les autorités coloniales et qu’il doit choisir entre la collaboration ou la résistance. Ce roman lui vaut le prix Sainte-Beuve en 1960.
En 1960, le Cameroun accède à l’indépendance, mais Mongo Beti n’est pas dupe. Il dénonce le régime dictatorial du président Ahidjo et ses liens avec la France dans son essai Main basse sur le Cameroun, publié en 1972. Ce livre lui vaut une interdiction de publication et une condamnation à mort par contumace. Il s’exile alors en France, où il enseigne à Rouen et fonde la revue Peuples noirs, peuples africains.
En exil, il continue à écrire des romans qui dépeignent la réalité du Cameroun post-indépendant, marqué par la corruption, la violence et la misère. Parmi ses œuvres les plus connues, on peut citer Perpétue et l’habitude du malheur (1974), La Ruine presque cocasse d’un polichinelle (1979), Les Deux Mères de Guillaume Ismaël Dzewatama (1983) ou encore L’Histoire du fou (1994).
En 1991, après la chute du régime d’Ahidjo, Mongo Beti rentre au Cameroun, où il espère contribuer à la démocratisation et au développement du pays. Il ouvre la Librairie des Peuples noirs à Yaoundé et lance des projets de développement rural dans son village natal d’Akométam. Il continue à écrire et à dénoncer les dérives du pouvoir en place. Notamment dans son roman Trop de soleil tue l’amour (1999) ou dans sa revue Le Messager.
Il meurt en 2001 à Douala, des suites d’une opération chirurgicale. Il laisse derrière lui une œuvre littéraire qui témoigne de son engagement pour la cause africaine et qui inspire encore aujourd’hui de nombreux lecteurs.
Mongo Beti est un écrivain engagé et inspirant, qui a su utiliser sa plume pour dénoncer les injustices et les oppressions subies par les peuples africain.